Métrique en Ligne
DLR_5/DLR505
Lucie Delarue-Mardrus
PAR VENTS ET MARÉES
1910
LA ROUTE
VOYAGES
J'ai promené sur mer ma lente indifférence. 12
Et regardé passer les villes sous mes yeux. 12
Avec leurs ciels trop beaux et leurs lointains trop bleus, 12
J'ai vu tant de pays qui ne sont pas la France ! 12
5 Je cueillais au passage, à travers les hasards, 12
Les heures graves ou falotes. 8
Il me souvient encor de ces grouillants bazars 12
Et de ces grands quais smyrniotes. 8
Athènes vint à nous, au pied du Parthénon, 12
10 Toute de lumière et de lignes. 8
Les victoires volaient tout autour de son nom 12
Ainsi que d'invisibles cygnes. 8
Et ce fut par un soir d'indigo qu'en chemin 12
Apparut le Péloponèse 8
15 Étalé sur l'a mer comme une grande main, 12
Dans L'air plein d'harmonie et d'aise. 8
Cap ri bleue en dedans, Naples blanche et couchée 12
Sous son Vésuve mauve et bleu 8
Chantaient-elles pour nous sur la barque penchée 12
20 Pleine d'enfants aux yeux de feu ? 8
Qui dira la douceur de toutes ces merveilles 12
Écloses sous mon regard dur, 8
Et vous, monotonie errante, heures pareilles, 12
O pleine mer, tasse d'azur ? 8
25 O voyage ! O beauté fugitive et dorée ! 12
O surprise et plaisir de tout ce que l'on voit ! 12
Pourquoi, pourquoi mon âme est-elle demeurée 12
Si loin, clans un coin turc, sur le Bosphore étroit ? 12
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