Métrique en Ligne
DLR_5/DLR499
Lucie Delarue-Mardrus
PAR VENTS ET MARÉES
1910
LA ROUTE
LA ROUTE
S'en aller, s'en aller aussi loin qu'on pourra, 12
On ne sait pas vers quoi, peut-être vers soi-même, 12
Vers quelque chose, oui, d'invisible, qu'on aime 12
Et que jamais on n'atteindra. 8
5 Voir des pays, toujours des pays, loin de France, 12
Se fatiguer dans la lumière et l'inconfort, 12
On ne sait pas pourquoi, pour devenir plus fort, 12
Pour que retour soit espérance, 8
Que faisions-nous un jour parmi ce soufre roux, 12
10 A cheval, au soleil, sur les bords du Vésuve, 12
Monstre mal endormi qui crachait contre nous 12
Et bouillonnait comme une cuve ? 8
Que faisions-nous encor parmi cette douleur 12
Où la bonne verdure est à jamais bannie, 12
15 Où la soif vous étrangle et fait que l'on se meurt, 12
Sur l'Olympe de Bithynie ? 8
Que faisions-nous parmi les Suds sahariens, 12
A marcher devant nous comme font les nomades, 12
Cavaliers entêtés de rudes promenades 12
20 Sur les océans terriens ? 8
Qu'avons-nous fait partout où notre fantaisie 12
Nous a poussés, toujours ardents, toujours debout, 12
Et que nous importaient, après tout, après tout, 12
L'Europe, l'Afrique, l'Asie ? 8
25 N'avons-nous pas notre maison où sont nos cœurs, 12
Notre pays où sont nos racines profondes ? 12
Pourquoi donc sommes-nous ces oiseaux migrateurs 12
Fascinés par l'aimant des mondes ? 8
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