Métrique en Ligne
DLR_5/DLR496
Lucie Delarue-Mardrus
PAR VENTS ET MARÉES
1910
LA PASSION
STROPHES VERS L'AMOUR
Roi doux-amer des pleurs et des enchantements, 12
Tu sais, Amour, qu'il n'est qu'une étreinte qui plaise 12
Aux cœurs de flamme, aux bras déments, 8
Car n'est-ce pas ta bouche éternelle qu'on baise 12
5 Sur la bouche âpre des amants ? 8
Ton esprit est partout où nous vivons. Tu mènes 12
Tes victimes d'un jour vers le bien et le mal. 12
Ce sont tes douceurs et tes haines, 8
‒ Malgré l'instinct stupide et son geste animal, 12
10 Qui sacrent nos noces humaines. 8
L'âme par toi s'élance à la cime des monts. 12
A nous les paradis perdus que tu suscites ! 12
Le cri qui gonfle nos poumons, 8
C'est le cri du désir par delà les limites 12
15 Du spasme où nous nous abîmons. 8
Rachat du vivre et du mourir, ô raison d'être, 12
Réponse à toute énigme et sens de tout secret, 12
Amour ! La musique est peut-être, 8
Invisible et sans mots, ton seul langage vrai, 12
20 Elle qui nous prend comme un maître 8
Chante en nous, Harmonie ! Intangible océan, 12
Fais déferler sur nous ta vague furieuse ! 12
Nous répéterons le péan 8
Archaïque : Envahis notre être qui se creuse, 12
25 Divinise notre néant, 8
Amour, ô rythme, loi, perfection fugace, 12
Qui poses sur nos traits le masque de la mort, 12
Amour dont s'engendre la race, 8
Amour, toi qui nous fais, quand ton éclair nous tord, 12
30 Sentir l'éternité qui passe ! 8
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