Métrique en Ligne
DLR_4/DLR452
Lucie DELARUE-MARDRUS
LA FIGURE DE PROUE
1908
POÈMES ORANAIS ET KABYLES
D’UNE FENÊTRE SUR LA RADE
I
ENVOL
Dans le creux de ces huit montagnes orageuses, 12
La baie au soir tombant est comme un bol de lait. 12
Viens t’accouder devant le port, puisqu’il te plaît 12
De voir évoluer les coques voyageuses. 12
5 Tu ne sais pas le mal et le bien que te font 12
Ce soir tombant, ce ciel, ce port, ces promenades, 12
Toi dont l’âme d’oiseau de mer, devant les rades. 12
Tourne en criant autour des bateaux qui s’en vont. 12
II
ÉLAN
Personne ne pourra sur la terre savoir 12
10 Combien j’aime les silhouettes 8
Des puissants paquebots ancrés, rouges et noirs, 12
Dans les ports bleus d’Afrique où tournoient les mouettes. 12
O mes chers paquebots pour un jour à l’écart 12
Du large où le destin se joue. 8
15 Que soit ma face au vent la figure de proue 12
De vos avants tournés du côté du départ !… 12
III
VEILLÉE
A la fenêtre lumineuse de la chambre, 12
Le clair de lune, peu à peu, devient le jour. 12
Qu’est-ce donc, dans ton âme obscure, qui se cambre 12
20 Et qui s’affaisse tour à tour ? 8
Pourquoi donc cette nuit de veillée inquiète ? 12
Faut-il, faut-il, alors que le monde est blafard 12
Et mort, qu’un bateau sombre attende quelque part, 12
Et que soit ton repos, comme d’une mouette, 12
25 Égratigné parla grande aile du départ ?… 12
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