Métrique en Ligne
DLR_4/DLR448
Lucie DELARUE-MARDRUS
LA FIGURE DE PROUE
1908
POÈMES ORANAIS ET KABYLES
MISSIVE
Tout au travers des sombres monts du Thababor 12
Où tournoyait l’aigle kabyle, 8
Écoute : j’ai passé sur mon cheval habile 12
A poser ses pieds fins sur les sentiers sans bords. 12
5 Vois-tu rôder, sur les sommets, ces brumes blanches 12
Elles s’ouvrent parfois, laissant à découvert. 12
Entre la torsion des branches, 8
Tout le beau mois de mai d’en bas, puissant et vert. 12
Là, blessés par le drame ancien des orages, 12
10 Les vieux arbres haussaient l’azur à bout de bras, 12
Et leurs faîtes cardaient la fuite des nuages, 12
Les jours de vent et de ciel bas. 8
J’ai bu dans le soleil les sources éternelles 12
Qui débordent, suivant leur pente, de partout, 12
15 Et qui gardent le petit goût 8
Des fougères en Heurs qui détrempent en elles. 12
Dans la neige d’en haut, quelque gibier caché 12
Se laissait surprendre à la trace. 8
Et, dans les morceaux chauds du pays, les rochers 12
20 Avaient des singes gais qui faisaient la grimace. 12
Et, comprends-tu ?… Serrée au pied d’un chêne fort 12
Et mouillé, j’oubliais la grande horreur du sable, 12
Dans la bonne forêt qui porte, invariable. 12
Sa mousse du côté du Nord. 8
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