Métrique en Ligne
DLR_4/DLR442
Lucie DELARUE-MARDRUS
LA FIGURE DE PROUE
1908
POÈMES ORANAIS ET KABYLES
TOURMENT
Douceur de la féroce Afrique léonine, 12
La Méditerranée, au creux du pays sec, 12
Chante dans les goémons roux et le varech 12
Son éternel poème grec. 8
5 Et je retrouve ici son odeur féminine. 12
A présent je le sais, moi qui connais le loin. 12
Le sol colonial où la moisson abonde 12
Et les villes du Sud dans l’immensité blonde, 12
Je l’aime plus que tout au monde, 8
10 Mon esprit et mes sens ne s’en guériront point. 12
Elle vient, à mes pieds, rouler comme une bête 12
Son grand flot possédé de la divinité. 12
A jamais elle se souvient d’Aphrodité 12
Et d’avoir enfanté 6
15 Cette ultime coquille arrondie et secrète. 12
Sais-je ce que je veux ? Sais-je ce que je veux ? 12
Un mystère profond m’attire à son rivage. 12
Quand n’attendrai-je plus, dans son calme ou sa rage. 12
L’apparition d’un visage 8
20 Dont je mordrais la bouche et baiserais les yeux ? 12
— Mer Méditerranée, ô toi, belle étrangère 12
Dans ta robe d’Afrique éployée au soleil. 12
Te boire ainsi qu’on boit une coupe de miel. 12
Porter ton saphir sans pareil 8
25 Au cou, comme une pierre inouïe et légère ! 12
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