EN MARGE |
POUR UN AMI |
A la charmante mémoire de la Comtesse R. de C.
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Nous pensions la revoir, nous ne songions à rien, |
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Et voici qu'on nous dit tout à coup qu’elle est morte. |
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Alors nous nous sentons frustrés de notre bien. |
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La tombe a pris si vite un corps comme le sien, |
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Corps de grâce où vivait une âme fière et forte ! |
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Où sont allés sa voix,' ses yeux au regard net. |
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Ses mouvements exacts, sa native élégance ? |
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Nous disions : « C’est avec son cœur seul qu’elle pense. » |
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Penchée au miroir pur de sa tristesse immense. |
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Tout ce qu’elle ignorait elle le devinait. |
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Mais vous ?… Comment finir la route commencée ? |
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Votre âme reposait dans sa petite main, |
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Elle était votre épouse et votre fiancée, |
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Elle était l’aujourd’hui, l’hier et le demain… |
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Et vous demeurez seul au milieu du chemin ! |
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Souvenez-vous. Elle avait peur de la vieillesse. |
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Peut-être cela seul calmera votre mal. |
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De songer que ses yeux parfois, pleins de détresse. |
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Regardaient scintiller, comme un signe fatal. |
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Un premier cheveu gris parmi l’or de sa tresse. |
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Souvenez-vous, souvenez-vous de son tourment ! |
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Jalouse, elle guettait votre désir d’amant. |
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L’âge n’aura pas mis son masque sur sa face : |
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Elle est partie en plein amour, en pleine grâce. |
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Pour rester, par la mort, jeune éternellement. |
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