Métrique en Ligne
DLR_3/DLR251
Lucie DELARUE-MARDRUS
HORIZONS
1905
TENDRESSES
AVENIR
Normandie herbagère, éclatante et mouillée, 12
Mon esprit et mon sang, mon amour, mon pays, 12
Nous voulons venir vivre un jour, doux et vieillis 12
Parmi tes prés, au fond d'une maison rayée, 12
5 Et, possédant un clos planté de beaux pommiers, 12
Quelques bêtes, des blés et du cidre en barriques, 12
Essayer que nos cœurs, comme ceux des fermiers, 12
Se fassent plus noueux et plus forts que des triques. 12
Notre bien s'étendra du côté de Rouen. 12
10 La cathédrale au loin dépassera la haie, 12
La Seine imbibera notre herbage en jouant, 12
Et nous aurons à nous une petite baie. 12
Par des après-midi de printemps vigoureux, 12
Quand les aubépiniers attendent qu'on les cueille, 12
15 Nous irons doucement par les verts chemins creux 12
Où Ton se croit roulé dans une immense feuille. 12
L'été, nous rêverons, quand la nuit sent le foin. 12
Nous aimerons aussi les craquantes automnes, 12
Et l'hiver étendu sur les prés monotones, 12
20 Quand l'énorme feu flambe et qu'on s'assied au coin. 12
Afin, quand nous mourrons, que notre corps s'enlise 12
Au cœur du sol natal par la pluie arrosé, 12
Sous des pommiers, autour de la petite église, 12
Où dort profondément ma race au nez rusé, 12
25 Et qu'étant au milieu des femmes et des hommes 12
Qui vécurent tassés clans un même horizon, 12
Il tombe sur nous tous, selon chaque saison, 12
Les fleurs de ces pommiers,leurs feuilles ou leurs pommes. 12
logo du CRISCO logo de l'université