Métrique en Ligne
DLR_2/DLR143
Lucie DELARUE-MARDRUS
FERVEUR
1902
POÈMES TERRESTRES
AU PRINTEMPS
Il faut nous apprêter à de très grandes joies 12
Parce que le Printemps avec toutes les soies 12
De ses fleurs, sa tiédeur, son odeur, son piment, 12
Hors les bourgeons vernis qui claquent follement 12
5 Va sortir, encombrant les jardins et les voies. 12
Déjà le bavardage et la fraîcheur des eaux 12
Regonflent les gosiers innocents des oiseaux. 12
Le lierre encore noir aux arbres s'enchevêtre, 12
Et, comme au bruit lointain d'une flûte champêtre, 12
10 Tout l'instinct se réveille et chante dans nos os. 12
C'est alors que, le long des heures bucoliques, 12
Moissonnant au soleil les grandes angéliques 12
Pesantes de bourdons au bout des prés en fleur, 12
Des paisibles matins aux soirs mélancoliques 12
15 Nous voudrions griser nos regards de fraîcheur, 12
Jusqu'à ce que, parmi la verdure où l'eau brille, 12
Notre âme figurât la petite chenille 12
Verte, enroulée au cœur d'une feuille de mai, 12
Qui s'endort, confiée à l'abri qui l'habille, 12
20 Et se balance au gré du printemps parfumé. 12
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