Métrique en Ligne
DLR_2/DLR135
Lucie DELARUE-MARDRUS
FERVEUR
1902
DÉDICACE
Une enfance, déjà pâle parmi les choses, 12
Âme trop tôt livrée à son rêve, sans voix 12
Pour se dire, garda châteaux, reines et rois 12
De songerie en elle et jardins lourds de roses. 12
5 Puis vint, avec son cœur pesant comme un fardeau 12
Démenti par le rire ouvert des lèvres fraîches, 12
La jeunesse pareille à la douceur des pêches 12
Où gît profondément le poison du noyau. 12
Dans le mauvais terrain des races trop âgées, 12
10 Ainsi toute une vie ouvrit sa lente fleur, 12
Et la Ville ou la mer, rouges de soir qui meurt, 12
Eurent vers leurs couchants des mains découragées… 12
O Passant ! Que longtemps on t'attendit en vain 12
La tête sur le livre et sous les lampes sages, 12
15 Ou racontant à la splendeur des paysages, 12
Seuls confidents, le mal d'un cœur triste et hautain, 12
Toi qui devais surgir sur la route de vivre 12
Comme au bord de la nuit se lève le jour clair, 12
Afin que nous fussions ce couple qui s'enivre 12
20 De Bonté, de beauté, de Pensée et de Chair ! 12
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