Métrique en Ligne
DLR_13/DLR1089
Lucie DELARUE-MARDRUS
CHOIX DE POÈMES
1951
CHAPITRE VII
Rencontres
En Mer
I
Mes hublots sont pleins d'Atlantique 8
Et je n'y puis plonger la main. 8
Le bateau va droit son chemin, 8
Livrant sa bataille nautique. 8
5 Loin sur les terres, c'est l'été, 8
Mais sans saisons est le voyage. 8
Mon esprit tourne dans sa cage, 8
Prisonnier de l'immensité. 8
II
La mer jette sur mes sabords 8
10 Des tonnes, des tonnes d'eau sombre. 8
Une écume en frange les bords, 8
Subite lumière dans l'ombre. 8
Cette eau glaciale qui bout, 8
Cette colère incohérente 8
15 Qui porte un nom à chaque bout 8
N'est ici, neutre, indifférente, 8
Que !'Océan, trait d'union 8
Entre de lointaines patries, 8
Prêt à noyer dans ses furies 8
20 Chaque drapeau comme un haillon. 8
De tous les temps, âge de pierre, 8
Élément sans cesse bravé 8
Mais dont nul progrès n'a pu faire 8
Un nouvel esclave entravé, 8
25 La mer, la mer, ce monstre libre, 8
Je l'écoute, du trou profond 8
De ma cabine, et mon cœur vibre 8
D'un désir d'aller par le fond. 8
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