Métrique en Ligne
DLR_11/DLR996
Lucie DELARUE-MARDRUS
TEMPS PRÉSENTS
1939
BALLADE VILLON
(EN HOMMAGE A CELUI DONT J'EMPRUNTAI LA FORME)
Or çà, maître François Villon, 8
On te connaît plus d'une tache ! 8
N'ayant pas vaillant un oignon, 8
Le vol fut bel et bien ta tâche. 8
5 Tu n'étais après tout qu'apache, 8
Mais tes blanches neiges d'antan 8
Empêchent toujours qu'on se fâche. 8
Voleur ? Grand poète, pourtant ! 8
Ta muse jamais n'a bâillon, 8
10 Même au cachot où l'on te cache. 8
Rimant ta mort sous le haillon, 8
Certes, tu ne fus pas un lâche ! 8
Paillard, maquereau, voire vache, 8
Changeant en poème épatant 8
15 Jusqu'au pet que Margot te lâche, 8
Voleur ? Grand poète, pourtant ! 8
Au déduit avec ta souillon, 8
Ou lorsque ta mère t'arrache 8
Ces vers pleins d'un pieux rayon, 8
20 Faut-il que ton âme ne sache 8
Voir le futur qui s'amourache 8
De toi, l'ivrogne hoquetant, 8
Et, tes vers, les mâche et remâche ?… 8
Voleur ? Grand poète, pourtant ! 8
ENVOI
25 Va ! Bois, et baise, et vole, et gâche ! 8
En avoir commis tant et tant ! 8
Corde et prison — mais quel panache 8
— Voleur ? Grand poète, pourtant ! 8
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