Métrique en Ligne
DLR_11/DLR985
Lucie DELARUE-MARDRUS
TEMPS PRÉSENTS
1939
BALLADE DU FEU
La cheminée est un théâtre 8
Où l'on voit le drame du feu. 8
La nuit, assise au coin de l'âtre, 8
J'assiste, pensive, à ce jeu. 8
5 C'est tout un enfer qui se meut, 8
C'est tout un orage qui tonne, 8
Et voici, brûlant camaïeu, 8
Les grandes couleurs de l'automne. 8
Par ici le ballet folâtre 8
10 De plus d'un petit esprit bleu, 8
Par là le bois opiniâtre 8
Qui se fend soudain au milieu. 8
Un follet siffle tant qu'il peut ! 8
D'un fil d'or plus fin que cheveu 8
15 La bûche, tout doux, se festonne. 8
Au centre, s'embrouille le nœud 8
Des grandes couleurs de l'automne. 8
Silencieuse comme un pâtre, 8
Toute seule et pareille, un peu, 8
20 A quelque croyant idolâtre, 8
Moi, je déchiffre cet hébreu. 8
Dehors, la lune ; ou bien il pleut. 8
Mon rêve doucement mitonne 8
Et revoit, oubliant le lieu, 8
25 Les grandes couleurs de l'automne. 8
ENVOI
Va ! Si mon cœur brûle et s'émeut 8
Comme toi, mon feu monotone, 8
C'est qu'il porte aussi, plein d'adieu, 8
Les grandes couleurs de l'automne. 8
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