Métrique en Ligne
DLR_11/DLR977
Lucie DELARUE-MARDRUS
TEMPS PRÉSENTS
1939
BALLADE DE LA T.S.F.
Que dirait aujourd'hui le défunt moyen âge, 12
Voyant jusqu'où l'humain fit naviguer sa nef, 12
Que mots émerveillés, que saluts et qu'hommage ? 12
Grise mine, pourtant, colère, insulte… Bref ! 12
5 Si nourrissons ainsi dans notre esprit grief, 12
C'est que le conte bleu devient pour nous mal heure, 12
Car, avant de t'avoir, magique T.S.F.Té.èS.èf. 12
Nous connûmes jadis la vie intérieure. 12
Certes, dans tes bons jours, à toi notre suffrage ! 12
10 Quand l'orchestre écouté s'adorne d'un vrai chef, 12
Ou quand l'orgue invisible offre son bel orage, 12
Ou si la voix qui chante a science et relief 12
(Et le programme allant de Bach à Prokofieff,) 12
Lors l'extase aux yeux clos emplissant la demeure, 12
15 L'église musicale ouvre pour nous sa nef. 12
Nous connûmes jadis la vie intérieure. 12
Mais trop souvent, hélas, flonflons et radotage 12
Sont supplices haïs par nous au premier chef. 12
Trop souvent, subissant quelque affreux voisinage 12
20 Quand le poste à côté viole notre fief, 12
Trouble la rêverie et supprime le kef, 12
Et les nerfs se nouant jusqu'à ce qu'on en meure, 12
On se répète, aux sons du concert jamais bref : 12
« Nous connûmes jadis la vie intérieure. 12
ENVOI
25 O radio barbare ! Ou qu'on rie ou qu'on pleure, 12
S'il faut chaque matin entendre derechef 12
Ta sottise adressée au populo, méchef ! 12
— Nous connûmes jadis la vie intérieure. 12
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