Métrique en Ligne
DLR_10/DLR953
Lucie DELARUE-MARDRUS
MORT ET PRINTEMPS
1932
JACQUELINE
I
Elle est tombée en plein combat, 8
Et nous, dont elle est arrachée, 8
Soldats de la même tranchée, 8
Nous survivons, honteux de notre cœur qui bat. 12
5 Vers la nuit où la mort l'emmène 8
Nous nous tournons, avec l'espoir 8
Qu'au-delà de ce grand trou noir 8
Elle sourit dans la lumière surhumaine. 12
Créature d'élection, 8
10 Vaste esprit et cœur magnifique, 8
La bonté fut sa passion. 8
Son destin abrégé ne connut rien d'oblique. 12
Elle allait tout droit son chemin, 8
Simple et grande. Il est des apôtres 8
15 Occupés du progrès humain. 8
Jacqueline, elle, avait sa mission : les autres. 12
Elle a clos ses yeux opalins. 8
La mort nous referme sa porte. 8
Nous sommes tous les orphelins, 8
20 Tous, même les plus vieux, de cette jeune morte. 12
Que du moins son enseignement 8
Reste une présence réelle. 8
Essayons de faire comme elle, 8
Nous qui la regrettons inconsolablement. 12
25 — Adieu. Tu nous laisses la terre 8
Et la tâche d'y marcher droit. 8
Mais que plus dure, plus amère 8
La route qu'il nous faut continuer sans toi ! 12
Adieu. Nous allons tout à l'heure 8
30 Dans la bataille retourner. 8
Toi, goûte, pendant qu'on te pleure, 8
Ton grand repos, si bien et si vite gagné. 12
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