Métrique en Ligne
DLR_10/DLR940
Lucie DELARUE-MARDRUS
MORT ET PRINTEMPS
1932
ÉLÉGIE
Au tournant de l'allée où septembre se dore 12
Nous attardait parfois un colloque subtil. 12
Il est mort. Je lui parle encore 8
Mais oh ! M'entend-il ? M'entend-il ? 8
5 Ailleurs, c'est quelque vieille et sensible demeure. 12
Des amis y étaient, ou même des parents. 12
Le jour est venu : je les pleure 8
Et cherche leurs spectres errants. 8
Presque partout, depuis que l'âge m'a changée 12
10 Et dans mon être a mis cette maturité, 12
Je puis me dire : « Ils ont été ! » 8
Je rôde dans un hypogée. 8
Tout autour de soi, voir un monde qui vivait 12
Tomber, feuilles au vent d'une saison finie, 12
15 Même un simple chien qu'on avait 8
Et qui vous tenait compagnie… 8
Ceux qui restent sont là, péremptoires et forts. 12
On se croit éternels, on se querelle, on s'aime. 12
Mais demain ?… Dès la terre même, 8
20 C'est le dialogue des morts. 8
Vivre, ou plutôt survivre ! Un escalier de tombes 12
Nous mène lentement vers nous ne savons quoi. 12
Et sur chaque degré plus froid, 8
Se taisent les voix des colombes. 8
25 Et nous montons, toujours plus seuls, dans plus de noir, 12
Peinant à chaque pas, cet escalier funèbre 12
Qui mène vers plus de ténèbre 8
Ou bien vers le final espoir. 8
— Je ne puis que redire en tremblant la prière 12
30 Apprise d'un de ceux qui me furent ôtés : 12
« Oh mon Dieu, si vous existez, 8
Faites-moi voir votre lumière ! » 8
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