Métrique en Ligne
DLR_10/DLR913
Lucie DELARUE-MARDRUS
MORT ET PRINTEMPS
1932
L'ÉCRITURE
L'écriture vivante au bas de ce portrait 12
D'un ami parti de ce monde 8
Est le témoin laissé par sa main qui courait 12
Et qui n'est aujourd'hui que pourriture immonde. 12
5 Calligraphie alerte et gentil compliment, 12
Toute son âme y est restée. 8
Je regarde cela, songeuse infiniment ; 12
L'image que je tiens en est comme hantée. 12
L'écriture ! Le pouls y bat donc, éternel, 12
10 Sur le papier qui l'enregistre ? 8
Un peu testamentaire, un tantinet sinistre, 12
L'écriture, moment fixé, mental, charnel, 12
L'écriture qui n'est, souvent distrait, qu'un geste, 12
Je sens que j'en ai peur parfois. 8
15 Quelle sorcellerie au bout de ces trois doigts ! 12
Je change, moi ; je meurs. Identique, elle reste. 12
Elle traversera des siècles, conservant, 12
Dans sa minuscule volute, 8
Cette nervosité d'une seule minute 12
20 Sur laquelle, plus tard, des yeux iront rêvant. 12
Une plume, un papier, de l'encre, peu de chose, 12
Un comble de fragilité. 8
Et cependant, moi morte et mon époque close, 12
On retrouvera là ma personnalité. 12
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