Métrique en Ligne
DLR_10/DLR896
Lucie DELARUE-MARDRUS
MORT ET PRINTEMPS
1932
LE MONSTRE
Barques à voiles de Honfleur 8
Qui dans le port battiez des ailes 8
Quand vous y reveniez, fidèles, 8
Après le large sans couleur, 8
5 Vos départs diurnes, nocturnes, 8
Splendidement silencieux 8
De grands archanges taciturnes 8
Enfants des vagues et des cieux, 8
Les formes que prenaient vos toiles 8
10 D'après les caprices du vent 8
Sous le soleil, sous les étoiles, 8
Blancheur de l'arrière à l'avant, 8
Et, quand le temps veut qu'on louvoie, 8
Vos retours titubants un peu, 8
15 Tout cela, poésie et joie 8
De notre ville au reflet bleu, 8
Tout cela, rythme des marées, 8
Très vieux conte bleu de la mer, 8
Fini ! Barques adultérées, 8
20 Recevez mon regret amer. 8
Les moteurs, ces bêtes nouvelles, 8
Grondent entre vos flancs de bois. 8
O ! le silence d'autrefois ! 8
Pourquoi porter encor vos ailes ? 8
25 Vous n'en avez plus nul besoin. 8
Elles ne sont rien qu'un vestige, 8
Vous aussi, prises de vertige, 8
Vous voulez aller vite et loin. 8
Départs, retours, affreux tapage, 8
30 Pétrole qui pue et salit, 8
Voiles qui restent dans leur pli 8
quelque soit le sens du nuage, 8
Le souffle du siècle a passé, 8
Universelle frénésie, 8
35 Pour tuer toute poésie. 8
Soit ! Requiescat in pace ! 8
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