FANTÔMES |
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L'orageuse ou la calme vie, avec ses ans |
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Accumulés ; aura saturé ma poitrine |
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De l'air natal, le long d'herbages paysans |
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Où toujours traîne un peu l'odeur de la marine. |
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Et voici. Peu à peu le vide de la mort, |
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Tristement agrandi chaque jour, m'environne. |
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Je suis l'arbre qui perd à la fin sa couronne, |
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Quand ses feuilles s'enfuient au grand souffle du Nord. |
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Des amis, des parents, des serviteurs fantômes |
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Marchent derrière moi quand je vais seule au vent. |
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Ils étaient là. J'avais leur sourire vivant. |
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leur vie a fui, comme de l'eau, de mes deux paumes. |
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Celui-ci, celle-là, rencontrés tous les jours, |
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Leurs conversations naïves ou savantes ! |
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Ces passants, où sont-ils ? Où donc sont mes servantes ? |
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J'appelle des absents à tous les carrefours. |
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Je parais jeune, oui. Mais l'affreux cimetière |
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Intérieur m'apprend si bien l'âge que j'ai ! |
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Cette part que j'avais n'est pas restée entière. |
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Tous ceux-là sont partis, et le siècle a changé. |
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La transformation des villes et des âmes |
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Fait mes coudes frôlés de coudes inconnus. |
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Les vieux sont morts, les jeunes vieux. Nouveaux venus, |
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Les enfants sont déjà des hommes et des femmes. |
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C'est mon pays ! C'est moi ! Ma racine tient bon ! |
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O ma ville, mes prés, vous, mon amour suprême, |
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Tout est comme autrefois, n'est-ce pas ?… — Certes non ! |
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Spectres, spectres partout — sans parler de moi-même. |
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