Métrique en Ligne
DLR_10/DLR876
Lucie DELARUE-MARDRUS
MORT ET PRINTEMPS
1932
THE SKULL
VI
L'AVERTISSEMENT
Cette tête désincarnée, 8
Ma grande aînée, 4
Que je regarde devant moi 8
Tout en pensant à Dieu sait quoi, 8
5 Ce crâne parle à sa manière 8
Dans la lumière 4
Où je l'ai remis désormais 8
Au lieu de la terre à jamais, 8
Et, du bout de ses dents sans lèvres, 8
10 Dit les noirs rêves, 4
Dit l'ascétique vérité 8
Que connaît son éternité. 8
— Toi que lit la foule unanime, 8
Regarde-moi ! 4
15 Un jour tu seras anonyme 8
Comme je le suis devant toi. 8
Qui suis-je ?… Pas même mon sexe 8
On ne le sait, 4
Moi qui fus un humain complexe, 8
20 Je ne suis plus que le passé. 8
EncoreEncor qu'on te loue et qu'on t'aime 8
Pour tes écrits, 4
Tu deviendras comme moi-même 8
Un vieux rebut taché de gris. 8
25 Car il faut que ton corps accouche 8
Après la mort 4
De l'être sans yeux et sans bouche 8
Que ta chair dissimule encor. 8
Il vit au chaud dans ta personne, 8
30 Mais, un beau jour, 4
Il faudra bien qu'il abandonne 8
Ce doux et palpitant séjour. 8
— O vivante ! Tête qui pense, 8
La mienne dort, 4
35 Salue en mon vieux masque mort 8
Ce qui sera ta délivrance. 8
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