Métrique en Ligne
DLR_1/DLR96
Lucie DELARUE-MARDRUS
OCCIDENT
1901
L'ENCENSOIR
SALUT
Hélène, je n'ai pas comme vous dans ma vie 12
La Muse en noir des amours morts ; 8
Jamais nulle hantise encor ne m'a suivie, 12
Ni le regret, ni le remords ; 8
5 Mon cœur est vierge en moi comme ma chair est vierge, 12
Il ne porte aucun secret deuil, 8
L'amour en passant frappe à cette tour d'orgueil 12
Qui ne se livre ni n'héberge ; 8
Si je hurle d'angoisse et clame de désir, 12
10 C'est que l'existence est méchante, 8
C'est, devant l'infini que l'on ne peut saisir, 12
Que je suis toujours impuissante. 8
Et mes rythmes n'étant pour aucun bien-aimé 12
S'en vont vers la beauté des choses, 8
15 Vers la mer, vers les bois, vers les grands couchants roses 12
En qui seuls vit mon cœur fermé ; 8
Et ma Muse nourrie à la même mamelle 12
Ignorante du tendre émoi 8
Marche violemment le même pas que moi 12
20 Comme une farouche jumelle. 8
Mais la virilité de ce souffle me fait 12
Aimer justement la tendresse 8
Le charme féminin, la douceur, la caresse 12
Que contient votre œuvre à souhait, 8
25 Et comme au temps jadis s'inclinait jusqu'à terre 12
Pour la dame le chevalier, 8
Incliner devant vous ma tête volontaire 12
Que l'amour ne sut point plier. 8
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