Métrique en Ligne
DLR_1/DLR55
Lucie DELARUE-MARDRUS
OCCIDENT
1901
PAROLES II
POUR D'AUTRES
Calmes élues au front de qui la gloire noue 12
Sous les regards publics ses lauriers honoraires, 12
Parmi l'encens banal de vos thuriféraires, 12
Étalez votre orgueil comme le paon sa roue ! 12
5 Moi, je suis la passante inconnue aux pieds lents 12
Qui marche dans la foule en agitation, 12
Hautaine et sans désir de sa laudation 12
Qui fait tant de cœurs battre et haleter de flancs. 12
Ma Muse m'a prêté son envergure d'ange 12
10 Et je sens frissonner mes épaules de femme 12
Pour des envols si hauts qu'ils emportent mon âme 12
A jamais loin du monde où clame la louange ; 12
Ma Muse a mis en moi quelque chose de plus 12
Que des chansons d'enfant ou des soupirs éclos 12
15 Pour l'hommage de ceux qui, rires ou sanglots, 12
Bercent tout de pareils hosannas superflus. 12
Ma Muse a mis en moi la plainte inassouvie 12
D'une amante qui veut un dieu pour son étreinte, 12
Qui pour sa passion folle et jamais éteinte 12
20 Cherche plus que l'amour humain et que la vie, 12
Le cri d'horreur, le cri mental, le cri charnel 12
D'une qui hait la terre et, furieusement, 12
Menant son cœur lassé vers l'impossible Aimant, 12
Pleure, les bras tordus par le doute éternel. 12
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