Métrique en Ligne
DLR_1/DLR54
Lucie DELARUE-MARDRUS
OCCIDENT
1901
PAROLES II
L'ORGUEILLEUX PRESSENTIMENT
Mon génie est en moi, profond et solitaire, 12
Emplissant ma journée et ma veille nocturne 12
Comme une flamme dont, vestale taciturne, 12
J'attise le foyer dans l'ombre et le mystère. 12
5 Il est le dieu jaloux, le gardien soucieux 12
Qui me dit dans mes maux qu'il ne faut pas mourir, 12
Dans mes tentations qu'il ne faut pas faillir 12
Et dans mes vanités qu'il faut le servir mieux. 12
Il est le dieu plus grand et plus beau que moi-même 12
10 Dont mon cœur est l'autel, dont mon corps est le temple ; 12
Mon être, trop étroit pour ce souffle trop ample, 12
Est las de contenir sa présence suprême. 12
C'est un dieu qu'on ignore et qui me survivra 12
Peut-être, ainsi qu'à toi, foule où s'en vont mes pas, 12
15 O foule d'aujourd'hui qui ne me connais pas, 12
Grande brute à qui nul alors de pensera ! 12
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