Métrique en Ligne
DLR_1/DLR52
Lucie DELARUE-MARDRUS
OCCIDENT
1901
PAROLES I
LA CITÉ DE JUSTICE
Les voyants, par delà les générations, 12
Sur le couchant tragique et sur l'aube rieuse 12
Regardent se dresser la babel fabuleuse 12
Où grouillera le pas pesant des nations. 12
5 Son air a le parfum de toutes les contrées 12
Et ses mois le trésor de toutes les saisons, 12
Car il y abouti du fond des horizons 12
Tous les chemins du monde et toutes ses marées. 12
La paix y établit sa continuité 12
10 Perpétuelle afin, sous cette égide calme, 12
Qu'y vive le labeur terrestre ‒ fort, pur, alme, ‒ 12
Tout son vrai, tout son bien et toute sa beauté. 12
La science aux deux mains paisiblement utiles 12
Et la charité douce avec ses tendres doigts 12
15 Y soignent la misère humaine à qui la voix 12
Consolante de l'art dit ses chansons subtiles. 12
L'Idée unique offrant sa compréhension 12
Claire y retend les nerfs et relève les faces 12
Et vers Elle, de pair,marchent toutes les races, 12
20 dans leur force charnelle et leur réflexion. 12
Et pas un cri de faim ne sort du sein des couches 12
Profondes de ce peuple heureux, car les blés lourds 12
Ont poussé leur pain blond à même les labours 12
Féconds, pour l'appétit qu'ouvrent toutes les bouches, 12
25 Comme ont crû les moissons du rêve et du savoir 12
Au labour du génie humain, les moissons dues, 12
Les moissons dès alors largement répandues 12
A toute noble faim d'écouter et de voir. 12
Et cette cité s'offre au pays qui s'éloigne 12
30 Et, s'embrume sans fin d'un tardif avenir. 12
Mais les temps passeront et le jour doit surgir 12
Où cèdera sa porte au choc de quelque poigne, 12
Lorsque l'humanité rêveuse aura compris 12
Le but déjà montré du geste par les braves, 12
35 Et que les fort venus après nous, sûrs et graves, 12
Auront su terminer les travaux entrepris. 12
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