Métrique en Ligne
DLR_1/DLR3
Lucie DELARUE-MARDRUS
OCCIDENT
1901
EN PLEIN VENT
AU MATIN
Parmi la pureté du matin triomphant, 12
Je vais, le souvenir encor si frais dans l'âme 12
Du temps où je n'étais qu'un embryon de femme, 12
Qu'il me semble donner la main à quelque enfant. 12
5 L'herbe est froide à mes pieds comme de l'eau qui coule, 12
La mer au bout des prés vient chanter son bruit clair 12
Et la falaise aussi déferle dans la mer 12
De tout le terrain jaune et mou qui s'en éboule. 12
Les troupeaux comme au long d'un poème latin 12
10 Paissent avec des ronds de soleil sur leurs croupes, 12
Et les oiseaux de mer ont abattu des groupes 12
Que chaque vague berce à son rythme incertain. 12
Et la prée et les eaux également étales 12
Sourient si bien à mes matineux errements 12
15 Que je voudrais pouvoir entre mes bras normands 12
Prendre en pleurant ma mer et ma terre natale, 12
Tout ce coin de nature en qui j'épancherais, 12
Comme en l'asile offert de quelque sein de femme, 12
Câlinement, les yeux fermés, toute mon âme 12
20 Si lourde de tristesse et de mauvais secrets. 12
logo du CRISCO logo de l'université