Métrique en Ligne
DLR_1/DLR25
Lucie DELARUE-MARDRUS
OCCIDENT
1901
L'ÂME ET LA MER
RÉPLIQUE
Je promène au dehors mon exaltation 12
A grands yeux, à grands bras lyriques, 8
A grandes ailes chimériques 8
Par lesquelles je sais plus d'une assomption. 12
5 Robe ample au vent collée à ma beauté charnelle, 12
Cape qui claque autour de moi, 8
Toute ma vêture en émoi 8
Met autour de mon corps le battement d'une aile. 12
Je viens à des brisants lourds à même la mer ; 12
10 Elle y monte, bat, bave, mouille, 8
Y plaque ses varechs gluants, comme une rouille, 12
Y crache son embrun amer. 8
J'y reste seule en sa présence, 8
Infime qu'une vague emporterait si bien ! 12
15 A voir, plus docile qu'un chien, 8
Se rouler à mes pieds cette toute-puissance. 12
Chaque lame prend son élan, 8
Grince aux galets, recule à trois pas, se recrée 12
Aussi forte qu'une marée, 8
20 Et remonte à l'assaut de mon socle tremblant. 12
C'est une éternelle magie 8
Où la mer, en cadence ou par coups furibonds, 12
Pleure et chante à la fois dans son calme et ses bonds 12
Sa mollesse et son énergie. 8
25 Mais moi, les poings crispés à mes deux flancs raidis 12
Sous l'étoffe qui les enlace, 8
Devant toute la mer qui monte et qui menace, 12
La bouche ouverte, je le dis, 8
Je le hurle, je le déclame 8
30 Dans le vacarme affreux que font ces flots vivants, 12
Dans la rage des quatre vents : 8
Le tourment de la mer est au fond de mon âme ! 12
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