Métrique en Ligne
DLR_1/DLR19
Lucie DELARUE-MARDRUS
OCCIDENT
1901
EN PLEIN VENT
PROMENADE
Lentement, vers l'automne artiste qui dévêt 12
Une nature fine et architecturale 12
Dont depuis si longtemps notre regard rêvait, 12
Courte en midis et si longuement vespérale, 12
5 Lentement, nous irons bien loin de nos maisons. 12
Les feuilles cherront une à une ou à poignées. 12
Nous suivrons, jusqu'à la clarté des horizons, 12
Éclaboussés du sang des arrière-saisons, 12
Les prés où furent nos plus chères promenées. 12
10 Énergique de la torsade des troncs forts, 12
Les uns encor feuillus, les autres déjà morts, 12
L'automne flamboiera dans des couches féroces 12
De rouges et de noir contredits durement 12
A travers le détail de son ramifiement. 12
15 Il neige d'or au vent qui frissonne ; et les cosses 12
Éclatent sous les pieds d'où roulent les marrons ! 12
dans l'herbe, vont tomber quand nous y marcherons 12
Au fond des prés, avec un choc, les pommes grasses. 12
Mais le long de la source, à sentir que tu passes, 12
20 Les roseaux vont frémir tous ensemble et chanter 12
Comme aux mains d'un berger une harpe rustique ; 12
Car l'âme de l'automne, ô triste ! à ta beauté 12
Donne ce rendez-vous pastoral et pudique… 12
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