Métrique en Ligne
DLR_1/DLR117
Lucie DELARUE-MARDRUS
OCCIDENT
1901
VESPÉRALES
LE SOMMEIL I
Comme une que berça la viole d'amour ; 12
La belle tout en pâleur dort, 8
Les volets joints avec, dessus, les rideaux lourds 12
Pour empêcher sur sa tranquillité de mort 12
5 Que ne vienne jouer l'estival clair de lune. 12
Mais des gouttes de lune ont chu une par une 12
Aux fentes de ces volets joints 8
Et luisent sur sa couche aux draps finement oints, 12
Comme si les colliers de sa parure pâle 12
10 Avaient dans la ténèbre égrené des opales. 12
Et, sur ses seins quiets où se croisent les paumes, 12
Sur ses pieds sages réunis, 8
Sur tout le luxe prude et raffiné du lit 12
Où elle se coucha sans bagues et sans baumes, 12
15 Le corps sans robe d'or et sans huppe à la tête, 12
Contempteur de la vie un lourd crucifix jette, 12
D'un grand geste mélancolique, 8
La sombre allusion de la mort catholique, 12
tandis qu'ainsi la nuit y verse ses écrins 12
20 Et fleurit ce sommeil de ses bijoux païens 12
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