Métrique en Ligne
DLR_1/DLR104
Lucie DELARUE-MARDRUS
OCCIDENT
1901
VESPÉRALES
CRÉPUSCULE
Ce soir, passant le long de la mer retirée 12
Morne, avec un couchant pâle à son horizon 12
Et des arbres fanés par l'arrière-saison 12
Roux aux troncs noirs, tordus sur sa rive effondrée, 12
5 En écoutant le bruit monotone et mineur 12
Des eaux dans les cailloux, il m'est venu ce rêve 12
De passer avec toi sur cette même grève 12
Grave et le cœur serré par un vague bonheur. 12
Je nous voulais marchant auprès des chansons bleues 12
10 Du flot, les bras unis avec tous les reflets 12
Du crépuscule aux yeux, et, parmi les galets, 12
Traînant derrière nous nos deux robes à queues, 12
A pas lents, inclinant l'un vers l'autre nos fronts, 12
Moi toute jeune encor, toi matrone hautaine, 12
15 Et sentant, au travers de l'étoffe incertaine, 12
Côte à côte nos cœurs battre dans nos girons. 12
Et, regardant au sol marcher l'ombre jumelle 12
De notre enlacement, pâle, devant la mer, 12
Je t'aurais confié tout bas mon cœur amer 12
20 Troublé, changeant, étrange, insondable comme elle. 12
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