XXVI |
ORLÉANS |
LA PREMIÈRE VICTOIRE |
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On nous disait : |
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On nous disait : — Pourquoi vouloir lutter encor ? |
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Pourquoi ? Pour y gagner la victoire ou la mort ! |
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Eh bien ! cette fois-ci notre heure est arrivée ! |
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La vieille âme française est enfin retrouvée ! |
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Oh ! non ; quand cinq cents ans notre front s'éleva, |
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Nous ne pouvions pas être un peuple qui s'en va ! |
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Comment ! on aurait vu d'un coup tomber la France ! |
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Comment ! plus de courage au cœur, plus d'espérance, |
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Plus de foi dans le ciel, et plus de force en nous ! |
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Allons ! dresse ton front meurtri, France à genoux ! |
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Ta coupe d'amertume est maintenant finie : |
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Toi qui jetais si loin l'éclat de ton génie, |
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Suis toujours, à travers ton sol ensanglanté, |
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Ce chemin qui tout droit mine à la liberté ! |
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Songe qu'il faut lutter cinq mois encore, peut-être. |
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Avant de voir enfin le grand passé renaître, |
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Et que c'est aujourd'hui pour ceux qui vont mourir |
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Un pays tout entier qu'il faut reconquérir ! |
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Orléans est repris ! C'est la première étape ! |
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Marche ! |
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20 |
Marche ! Encor quelques jours, et Paris leur échappe ! |
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Et les Maudits verront, quand l'épée aura lui, |
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Tous les conscrits d'hier, vétérans d'aujourd'hui ! |
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Marche ! |
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Marche ! — La route est longue et la lutte est pénible, |
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Mais nous avons au cœur une joie indicible. |
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25 |
Et ce premier succès qui nous enfièvre tant |
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Fera que tes soldats mourront tous en chantant ! |
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Marche ! |
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Marche ! — Ils sont refoulés au delà de la Saône ; |
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Sois fière ! Parmi nous n'a reculé personne ; |
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Aucun de nous n'a fui les coups à recevoir, |
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Et chacun de tes fils a bien fait son devoir ! |
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Les dangers ? à quoi bon ! la mort ? que nous importe ! |
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Si nos corps sont meurtris, notre âme est toujours forte ! |
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Et pensant aux amis tombés sur le chemin, |
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Nous envierons leur sort, prêts à tomber demain ! |
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Marche ! |
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Marche ! — Va d'un coup d'aile à ta sainte frontière : |
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Quand tu seras debout en armes, tout entière, |
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Nous verrons qui des deux fera ce qu'il a dit, |
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Du peuple qu'on admire, ou du roi qu'on maudit ! |
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Enfin, marche toujours, France, marche sans cesse ! |
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Jusqu'à ce qu'ayant fait ton œuvre vengeresse, |
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Après avoir lutté deux cents jours pour cela, |
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Tu puisses étancher tout le sang qui coula ! |
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. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . |
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Et maintenant pensons que l’œuvre est commencée, |
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Pensons que vers le ciel la France était dressée |
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Pour lui montrer ses champs sillonnés par le feu, |
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Et qu'à son cri d'appel vient de répondre Dieu ! |
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Ne songeons au succès qu'ont remporté les nôtres |
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Que pour sentir qu'il doit être suivi par d'autres ! |
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Paris doit imiter Orléans : il le faut ! |
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Le premier pas est fait ; eh bien ! montons plus haut ! |
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Orléans, Tours, Paris : de la Seine à la Loire, |
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France ! |
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France ! Nous te ferons des étapes de gloire ! |
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15 novembre 1870.
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