XX |
LE SERGENT |
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C'était un vieux sergent dos guerres d'Italie, |
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Un de ceux que la mort pendant trente ans oublie |
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Et laisse bonnement vieillir sous le galon. |
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Une bombe l'avait déchiré tout du long, |
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Le fendant d'un seul coup du crâne à la mâchoire. |
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Le pauvre homme ! il mourait sans rien, même sans gloire ! |
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Ses lèvres remuaient, mais il ne parlait pas. |
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— Eh bien ! comment est-il, dis-je au docteur ? |
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— Eh bien ! comment est-il, dis-je au docteur ? — Très-bas. |
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Pauvre diable ! il n'a pas cinq minutes à vivre. |
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Je regardai : son œil terne semblait me suivre : |
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A le voir on eût dit qu'il m'avait reconnu. |
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Tout à coup, comme au bruit d'un tambour inconnu |
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Je vis ses yeux muets qui se gonflaient de larmes : |
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Et se dressant d'un bond sur le lit, au port d'armes, |
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Comme s'il entendait le rappel battre encor… |
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D'une voix claire, il dit : |
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D'une voix claire, il dit : — Présent ! |
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D'une voix claire, il dit : — Présent ! Il était mort. |
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Auxonne, 8 septembre.
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