LES CARRIÈRES DE JAUMONT |
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Vengeance ! — avaient-ils dit, dans leur âpre douleur. |
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Leurs yeux restèrent secs, mais la haine en leur cœur |
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Avec ses doigts d'acier fit une déchirure, |
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Et les pleurs détournés inondaient leur blessure ! |
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Satan avait dû voir déborder ce torrent ; |
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Satan leur mit au cœur la rage du serpent. |
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Ah ! c'est qu'il est venu le temps des représailles : |
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La vengeance a des droits en dehors des batailles, |
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Elle peut sous les fleurs cacher des échafauds |
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Quand les soldats déchus ne sont que des bourreaux, |
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D'infâmes suborneurs, effroi de nos familles, |
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Qui, jusque chez les morts, vont insulter aux filles ! |
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Donc, quatre paysans, par l'outrage éprouvés, |
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Avaient juré la mort des soldats réprouvés : |
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De la pitié la haine a franchi les barrières ! |
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Jaumont à leurs pensers vient offrir des carrières |
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Sous un crâne poudreux aux profonds creusements |
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Zébrés de ça, de là, par des soutènements. |
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Soudain des offensés le projet redoutable |
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Est de vanter la place heureuse, inexpugnable, |
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Aux avides Teutons, voulant sur les Latins |
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Fondre de ces hauteurs en parfaits assassins : |
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Ils s'élancent hardis sur la scène mouvante ; |
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Des Latins prévenus l'attitude imposante |
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Attend avec stupeur un ordre solennel : |
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« Feu ! » nous crie une voix… oh ! spectacle éternel, |
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Si je ferme les yeux qu'anime ma pensée !!! |
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Des ennemis par nous la masse est repoussée, |
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Plus loin elle recule et plus proche est la mort. |
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Une attaque opposée a décidé son sort : |
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Dans l'excavation l'airain fatal résonne, |
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Le gouffre^qui s'émeut va n'épargner personne, |
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Il palpite, il s’entr’ouvre, et les caveaux béants |
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S'abreuvent à loisir de milliers d'Allemands ! |
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Une seule clameur, déchirante, indicible, |
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S'élève vers le ciel comme un remords horrible, |
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Sortant du précipice où, canons et chevaux, |
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Se confondent au sein d'insondables tombeaux ! |
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Les Teutons, sans nul doute, eussent à notre place |
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D'un hurlement féroce, inhérent à leur race, |
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Salué le succès de ce fait glorieux !… |
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Mais nous… muets, glacés, les larmes dans les yeux |
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Nous mêlions à leurs voix nos ferventes prières, |
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Afin qu'un prompt repos vînt fermer leurs paupières. |
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Vengeance ! avaient-ils dit, dans leur âpre douleur, |
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Leurs yeux restèrent secs, mais la haine en leur cœur |
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Avec ses doigts d'acier fit une déchirure, |
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Et les pleurs détournés inondaient leur blessure ! |
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Ils n'y furent survivre, et pour n'en plus souffrir, |
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Parmi les Allemands ils ont voulu mourir. |
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Heureux d'être plus près témoins de leur supplice, |
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De leur vie ils ont fait l'immortel sacrifice !!! |
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