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Pleurez : comptez les noms des bannis de la France : |
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L’air manque à ces grands cœurs où brûle tant d’espoir. |
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Jetez la palme en deuil, au pied de leur souffrance ; |
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Et passons : les geôliers seuls ont droit de les voir ! |
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Passons : nos bras pieux sont sans force et sans armes ; |
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Nous n’allons point traînant de fratricides vœux ; |
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Mais, femmes, nous portons la prière et les larmes, |
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Et Dieu, le Dieu du peuple en demande pour eux. |
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Voyez vers la prison glisser de saintes âmes ; |
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Salut ! vous qui cachez vos ailes ici-bas : |
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Sous vos manteaux mouillés et vos pâleurs de femmes, |
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Que de cendre et de boue ont entravé vos pas ! |
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Salut ! vos yeux divins rougis de larmes vives |
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Reviennent se noyer dans ce monde étouffant ; |
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Vous errez, comme alors, au Jardin des Olives ; |
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Car le Christ est en peine et Judas triomphant. |
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Oui, le Christ est en peine ; il prévoit tant de crimes ! |
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Lui dont les bras cloués ont brisé tant de fers ! |
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Il revoit dans son sang nager tant de victimes, |
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Qu’il veut mourir encor pour fermer les enfers ! |
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Courez, doux orphelins, montez dans la balance ; |
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Priez pour les méchants qui vivent sans remords ; |
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Rachetez les forfaits des pleurs de l’innocence, |
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Et dans un flot amer lavez nos pauvres morts ! |
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Et nous, n’envoyons plus à des guerres impies |
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Nos fils adolescents et nos drapeaux vainqueurs ; |
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Avons-nous amassé nos pieuses charpies |
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Pour les baigner du sang le plus pur de nos cœurs ? |
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Pitié ! nous n’avons plus le temps des longues haines : |
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La haine est basse et sombre ; il fait jour ! il fait jour ! |
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France l il faut aimer, il faut rompre les chaînes, |
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Ton Dieu, le Dieu du peuple a tant besoin d’amour ! |
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