Métrique en Ligne
DES_4/DES395
Marceline DESBORDES-VALMORE
POÉSIES INÉDITES
1860
FAMILLE
LA MÈRE QUI PLEURE
J’ai presque perdu la vue 7
À suivre le jeune oiseau 7
Qui, du sommet d’un roseau. 7
S’est élancé vers la nue. 7
5 S’il ne doit plus revenir, 7
Pourquoi m’en ressouvenir ? 7
Bouquet vivant d’étincelles 7
Il descendit du soleil 7
Éblouissant mon réveil 7
10 Au battement de ses ailes. 7
S’il ne doit plus revenir, 7
Pourquoi m’en ressouvenir ? 7
Prompt comme un ramier sauvage, 7
Après l’hymne du bonheur, 7
15 Il s’envola de mon cœur, 7
Tant il craignait l’esclavage ! 7
S’il ne doit plus revenir, 7
Pourquoi m’en ressouvenir ? 7
De tendresse et de mystère 7
20 Dès qu’il eut rempli ces lieux, 7
Il emporta vers les cieux 7
Tout mon espoir de la terre ! 7
S’il ne doit plus revenir, 7
Pourquoi m’en ressouvenir ? 7
25 Son chant que ma voix prolonge 7
Plane encor sur ma raison. 7
Et dans ma triste maison, 7
Je n’entends chanter qu’un songe. 7
S’il ne doit plus revenir. 7
30 Pourquoi m’en ressouvenir ? 7
Le jour ne peut redescendre 7
Dans l’ombre où son vol a lui, 7
Et pour monter jusqu’à lui 7
Mes ailes ont trop de cendre. 7
35 S’il ne doit plus revenir. 7
Pourquoi m’en ressouvenir ? 7
Comme l’air qui va si vite, 7
Sois libre, ô mon jeune oiseau ! 7
Mais que devient le roseau. 7
40 Quand son doux chanteur le quitte ! 7
S’il ne doit plus revenir. 7
Pourquoi m’en ressouvenir ? 7
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