FAMILLE |
ONDINE À L’ÉCOLE |
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Vous entriez, Ondine, à cette porte étroite, |
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Quand vous étiez petite, et vous vous teniez droite ; |
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Et quelque long carton sous votre bras passé |
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Vous donnait on ne sait quel air grave et sensé |
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Qui vous rendait charmante. Aussi, votre maîtresse |
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Vous regardait venir, et fière avec tendresse. |
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Opposant votre calme aux rires triomphants, |
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Vous montrait pour exemple à son peuple d’enfants ; |
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Et du nid studieux l’harmonie argentine |
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Poussait à votre vue : « Ondine ! Ondine ! Ondine ! » |
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Car vous teniez déjà votre palme à la main, |
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Et l’ange du savoir hantait votre chemin. |
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Moi, penchée au balcon qui surmontait la rue, |
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Comme une sentinelle à son heure accourue. |
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Je poursuivais des yeux mon mobile trésor, |
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Et disparue enfin je vous voyais encor. |
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Vous entraîniez mon âme avec vous, fille aimée, |
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Et je vous embrassais par la porte fermée. |
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Quel temps ! De tous ces jours d’école et de soleil |
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Qui hâtaient la pensée à votre front vermeil, |
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De ces flots de peinture et de grâce inspirée, |
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L’âme sort-elle heureuse, ô ma douce lettrée ? |
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Dites, si quelque femme avec votre candeur |
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En passant par la gloire est allée au bonheur ? |
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Oh ! que vous me manquiez, jeune âme de mon âme ! |
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Quel effroi de sentir s’éloigner une flamme |
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Que j’avais mise au monde, et qui venait de moi, |
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Et qui s’en allait seule : Ondine ! quel effroi ! |
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Oui, proclamé vainqueur parmi les jeunes filles, |
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Quand votre nom montait dans toutes les familles, |
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Vos lauriers m’alarmaient à l’ardeur des flambeaux : |
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Ils cachaient vos cheveux que j’avais faits si beaux ! |
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Non, voile plus divin, non, plus riche parure |
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N’a jamais d’un enfant ombragé la figure. |
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Sur ce flot ruisselant qui vous gardait du jour |
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Le poids d’une couronne oppressait mon amour. |
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Vos maîtres étaient fiers et moi j’étais tremblante ; |
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J’avais peur d’attiser l’auréole brûlante. |
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Et, troublée aux parfums de si précoces fleurs, |
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Vois-tu, j’en ai payé l’éclat par bien des pleurs. |
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Comprends tout… J’avais vu tant de fleurs consumées ! |
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Tant de mères mourir, de leur amour blâmées ! |
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Ne sachant bien qu’aimer je priais Dieu pour vous, |
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Pour qu’il te gardât simple et tendre comme nous ; |
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Et toi tu souriais intrépide à m’apprendre |
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Ce que Dieu t’ordonnait, ce qu’il fallait comprendre. |
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Muse, aujourd’hui, dis-nous dans ta pure candeur |
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Si Dieu te l’ordonnait du moins pour ton bonheur ? |
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