Métrique en Ligne
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Marceline DESBORDES-VALMORE
BOUQUETS ET PRIÈRES
1843
FÊTE D'UNE VILLE DE FLANDRE
POUR PHILIPPE-LE-BON
C'est demain qu'une ville aimée, 8
Aimante et joyeuse, et charmée, 8
Tout en fête s'éveillera ; 8
C'est demain que fifres et danse, 8
5 Parcourant le sol en cadence, 8
Riront au peuple, qui rira ! 8
De fleurs et de chants couronnée, 8
Levez-vous donc, belle journée, 8
Pour bénir mon premier séjour : 8
10 Que dans vos heures sans alarme, 8
Il ne tombe pas une larme 8
Sur la Flandre, ma sainte amour ! 8
Que nul serpent n'y souille l'herbe ; 8
Que l'humble épi s'y lève en gerbe ; 8
15 Comme on le voyait au vieux temps ; 8
Que les chaînes en soient bannies, 8
Que les mères y soient bénies ; 8
Que les pauvres y soient contens ! 8
Répondez, cloches bondissantes, 8
20 Aux fanfares retentissantes, 8
Chantant gloire et patrie en chœur 8
Promenez vos belles volées, 8
Et de vos hymnes redoublées, 8
De ma Flandre égayez le cœur ! 8
25 Ainsi que les ondes accrues ; 8
Enfans qui remplissez les rues, 8
N'est-ce pas que c'est doux à voir ? 8
Ouvrez vos yeux et vos oreilles, 8
Du jour contemplez les merveilles, 8
30 Pour nous les raconter le soir. 8
Entrez, hameau, bourg et village : 8
Par ces grands tableaux du vieil âge, 8
Vous le voyez, ô bonnes gens, 8
Si notre Philippe est encore 8
35 Couronné d'un nom qu'on adore, 8
C'est qu'il aimait les indigens ! 8
Mais d'où vient que mon âme pleure 8
Sur le clocher où chante l'heure, 8
Et sonne aux autres un beau jour ? 8
40 Non, dans ses fêtes sans alarme, 8
Qu'il ne tombe pas une larme 8
Sur la Flandre, ma sainte amour ! 8
Mon père a chanté dans l'espace ; 8
Où son ombre a passé, je passe, 8
45 Comme lui priant et chantant : 8
L'orgue ainsi lève sa prière, 8
Attendrissant la nef entière ; 8
L'orgue est triste ; il chante pourtant ! 8
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