À CELLES QUI PLEURENT |
|
Vous surtout que je plains si vous n'êtes chéries ; |
12 |
|
Vous surtout qui souffrez, je vous prends pour mes sœurs : |
12 |
|
C'est à vous qu'elles vont, mes lentes rêveries, |
12 |
|
Et de mes pleurs chantés les amères douceurs. |
12 |
|
5 |
Prisonnière en ce livre une âme est contenue : |
12 |
|
Ouvrez : lisez : comptez les jours que j'ai soufferts : |
12 |
|
Pleureuses de ce monde où je passe inconnue, |
12 |
|
Rêvez sur cette cendre et trempez-y vos fers. |
12 |
|
|
Chantez : un chant de femme attendrit la souffrance. |
12 |
10 |
Aimez : plus que l'amour la haine fait souffrir. |
12 |
|
Donnez : la charité relève l'espérance ; |
12 |
|
Tant que l'on peut donner on ne veut pas mourir ! |
12 |
|
|
Si vous n'avez le temps d'écrire aussi vos larmes, |
12 |
|
Laissez-les de vos yeux descendre sur ces vers ; |
12 |
15 |
Absoudre, c'est prier. Prier, ce sont nos armes : |
12 |
|
Absolvez de mon sort les feuillets entr'ouverts. |
12 |
|
|
Pour livrer sa pensée au vent de la parole, |
12 |
|
S'il faut avoir perdu quelque peu sa raison, |
12 |
|
Qui donne son secret est plus tendre que folle : |
12 |
20 |
Méprise-t-on l'oiseau qui répand sa chanson ? |
12 |
|