AUX PETITS ENFANTS |
LE PREMIER CHAGRIN D’UN ENFANT |
Oh ! would I could weep, as I wept when a child.
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Z. Z. |
Au temps heureux de ma saison passée
J’avais bien l’aile unie à mon côté ;
Mais en prenant ma jeune liberté,
Avant le vol ma plume fut cassée.
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Madeleine Desroches. |
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Le chagrin t’a touché, mon beau garçon. Tu pleures ; |
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Ta lèvre tremble ; allons ! te voilà dans nos rangs ; |
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Tu viens d’apprendre. Oui, nous naissons expirants ; |
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Oui, la vie est malade avant que tu l’effleures. |
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Que veux-tu ? tes épis pleins de lait, verts encor, |
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Pour tes jeunes larcins plus attrayants que l’or, |
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N’iront pas égayer sous ce treillage vide |
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Le ramier, de tes dons si tendrement avide. |
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Tu courais dans ta joie ; et puis, un dard moqueur |
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T’a frappé sous le sein. Pauvre enfant ! c’est le cœur ; |
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On ne peut te l’ôter ; la vie est là. Des larmes |
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Baignent à ton insu ta pâleur et tes charmes ; |
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Tu ne te sauves point dans ton premier effroi : |
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Un instinct te l’a dit : la mort est devant toi. |
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Oui, le Pylade ailé de ta coureuse enfance, |
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Doux et muet témoin de tes ébats naïfs, |
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Qui se laissait aimer ou gronder sans défense, |
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Qui savait te répondre en murmures plaintifs, |
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Ton camarade est mort. Cette idole livide |
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Grave le premier deuil sur la page encor vide |
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De ta mémoire vierge. Oh ! que tu souffriras ! |
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Ce que tu dois aimer, oh ! que tu l’aimeras ! |
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Car nul cri ne t’échappe, et d’un muet courage, |
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Sous ta petite main tu contiens tout l’orage ; |
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Mais je te sens souffrir de ce qui souffre en moi : |
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Ce qu’on aime est si triste ainsi gisant et froid ! |
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Nul chagrin n’entrera plus au fond de ton être ; |
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Nul amour ne sera plus vrai pour toi, peut-être. |
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Là-bas, dans l’avenir où couvent tes beaux jours, |
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À ton beau ramier bleu tu penseras toujours. |
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Et plus tard, abattu sous les vents du voyage, |
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Seul, au bord d’un sentier dépeuplé, sans fraîcheur, |
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Sans soleil, et navré de quelque adieu railleur, |
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Tes yeux retourneront tristes vers l’humble cage |
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Où t’attendait l’ami par ton souffle éveillé, |
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Qui, vivant sur ton cœur, ne l’a jamais raillé ! |
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Oui, tu regretteras cet amour sans mélange, |
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Et tes pleurs innocents où se mire un jeune ange ! |
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Tu diras dans ton sort, plein d’échos du passé, |
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Par des amis ingrats amèrement blessé : |
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Oh ! je voudrais, mon Dieu, pleurer de douces larmes, |
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Comme l’enfant candide et sans haine, l’enfant |
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Qui pleurait son ramier mort dans ses jeunes charmes ; |
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Oh ! pleurer comme alors !… Qui donc me le défend ? |
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