LA CRAINTE |
Non, tout n’est pas perdu quand une chose arrive contre votre attente. C’est moi qui connais les peines cachées ; quand vous vous croyez éloigné de moi, souvent je suis le plus près de vous.
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Imitation de J.-C. |
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Ouvre-toi, cœur malade ! et vous, lèvres amères, |
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Ouvrez-vous ! plaignez-moi ! Dieu m’oublie ou me hait ; |
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Sa pitié n’entend plus mon désespoir muet ; |
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Sa main jette au hasard mes heures éphémères ; |
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Comme des oiseaux noirs dans les vents dispersés, |
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Lasses avant d’éclore, et sans bonheur perdues, |
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Elles traînent sur moi leurs ailes détendues ; |
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Et Dieu ne dit jamais : « C’est assez ! c’est assez ! » |
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J’ai pleuré ; mais des pleurs blessent-ils sa puissance ? |
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Faible, où trouver des cris pour les jeter aux cieux ? |
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Enfant, quand je pleurais, sans le voir de mes yeux, |
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D’un ange autour de moi je sentais la présence : |
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Il était sous les fleurs que relevait ma main ; |
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Il me parlait souvent dans la voix de ma mère ; |
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Et si je soupirais d’une voix éphémère, |
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Penché sur moi, le soir, il me disait : « Demain ! » |
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Et je ne l’entends plus. J’entends toujours mon âme ! |
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Toujours elle se plaint ; jamais elle ne dort ! |
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Et cette âme où passa tant de pleurs, tant de flamme, |
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Le ciel qui la sait toute en voudra-t-il encor ? |
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Ciel ! un peu de bonheur ! ciel ! un peu d’espérance ! |
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Un peu d’air dans l’orage où s’éteignent mes jours ; |
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Un souffle à ma faiblesse, un songe à ma souffrance, |
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Ou ce sommeil sans rêve et qui dure toujours ! |
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Mais si quelque trésor germe dans nos alarmes, |
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Laissez aux pieds souffrants leurs sentiers douloureux, |
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Dieu ! tirez un bienfait du fond de tant de larmes, |
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Et laissez-moi l’offrir à quelque malheureux ! |
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