ABNÉGATION |
Qui sait si vivre n’est pas mourir, et si là-bas
on ne croit pas que mourir c’est vivre ?
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Euripide. |
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Si solitaire, hélas ! et puis si peu bruyante, |
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Tenant si peu d’espace, on me l’envie encor ! |
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Cette pensée est triste, elle entraîne à la mort, |
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Et, pour s’en reposer, la tombe est attrayante ! |
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C’est la première fois qu’elle a navré mon sein ; |
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À tous les flots amers de ma vie écoulée, |
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Cette goutte de fiel ne s’était pas mêlée ; |
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Personne n’avait dit : « S’en ira-t-elle enfin ! » |
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Oh ! personne ! À présent je suis de trop au monde, |
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Et j’ai hâte, et j’ai peur d’amasser mes instants ; |
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Je trompe une espérance !… En vain je la seconde ; |
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Importune et mourante, on peut vivre longtemps ! |
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Oui, je me presse en vain d’avancer et de vivre. |
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Quelque anneau tient encor mon cœur : il se rompra. |
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Tout ce que j’aime est frêle et meurt, et pour vous suivre, |
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Mes chers anneaux brisés, mon cœur se brisera ! |
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