PITIÉ |
… Ciel ! où donc êtes-vous ?
À tout ce qu’elle entend, de vous seule occupée,
De chaque bruit lointain mon oreille frappée,
Écoute, et croit souvent reconnaître vos pas ;
Je m’élance, je cours, et vous ne venez pas !
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André Chénier. |
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Eh ! pourquoi ces clameurs, cet effroi, ces prières ? |
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Va-t-il pour me troubler, franchir quelques barrières ? |
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Songe-t-il si par lui mon sort fut triste… et doux ? |
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Si mon cœur est paisible, ou volage, ou jaloux ? |
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Jamais de sa couronne une feuille légère |
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Cherche-t-elle ma vie à sa vie étrangère ? |
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Son nom seul fugitif et parfois caressant, |
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Porté vers l’avenir, me salue en passant. |
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De lui, rien ! Peine affreuse et jamais exprimée ! |
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Douleur toujours profonde et toujours renfermée ! |
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Rapprochement cruel des jours purs et dorés, |
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Par ses regards, bien plus que des cieux éclairés, |
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Avec ces jours d’exil, d’abandon, d’amertume, |
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De regret qui déchire, et d’espoir qui consume ! |
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Oh ! qu’il n’apprenne pas ces tourments infinis |
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Dont les cœurs trop naïfs sont raillés et punis ! |
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Et puis, ce n’est pas lui, c’est l’amour qui me tue. |
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Il détacha son sort de ma vie abattue ; |
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À présent, je descends un rapide chemin, |
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Dans une sombre nuit où j’ai perdu sa main. |
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Il ne viendra jamais ; pourquoi le lui défendre ? |
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Je l’ai haï ; qu’importe ? A-t-il voulu l’apprendre ? |
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S’occupe-t-on toujours d’un danger qui n’est plus ? |
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Vers des échos muets que de cris superflus ! |
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Ah ! je me fais pitié, je pleure sur moi-même, |
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Et je dis bien souvent : « Ce n’est plus lui que j’aime ! » |
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