RÉVEIL |
Avoir aimé, ce n’est plus vivre.
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Parny. |
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C’est qu’ils parlaient de toi, quand, loin du cercle assise, |
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Mon livre trop pesant tomba sur mes genoux ; |
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C’est qu’ils me regardaient, quand mon âme indécise |
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Osa braver ton nom qui passait entre nous ! |
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Et puis leurs voix riaient ! J’ai pu rester sans crainte. |
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On disait ton bonheur et tes belles amours. |
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À mon livre fermé moi je lisais toujours, |
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Car sur mon front baissé toute une âme était peinte ! |
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Te voilà donc heureux ! Je sais donc tout prévoir ! |
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Je ne crains donc plus rien… rien, que de te revoir. |
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Heureux par tant d’objets, je respire moi-même ; |
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Sur deux cœurs à la fois je n’ai plus à gémir ; |
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Je dirai : « Quel bonheur ! ce n’est plus moi qu’il aime ; |
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D’autres ont pris mes pleurs… et je pourrai dormir ! » |
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Reste à ce doux éclat qui rayonne autour d’elles : |
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Leur front se baigne encor dans l’air pur du matin, |
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Et je leur sais gré d’être belles, |
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Si ces fleurs d’un moment consolent ton destin. |
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Mais le voir ! ah ! c’est trop ! N’attends pas l’impossible ! |
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Laisse au ruisseau désert son cours triste et paisible ; |
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Ne viens pas me surprendre, et, d’un regard glacé, |
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Me défendre de vivre au moins dans le passé ! |
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Ne viens pas dans mes traits qu’un tourment décolore, |
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Plus voilés, plus rêveurs encore, |
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Oh ! ne viens pas compter, malgré moi découverts, |
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Les pleurs que j’ai versés, les jours que j’ai soufferts ! |
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Laisse-moi m’isoler dans l’oubli de mes peines ; |
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D’un esclave qui dort ne heurte pas les chaînes. |
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Si je dois au passé quelques éclairs heureux, |
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Il est temps de mourir à ce qu’il eut d’affreux. |
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Ne fais plus fermenter dans mon âme troublée |
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Tous ces germes amers où s’éteint la raison ; |
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Laisse tomber en paix une fleur accablée, |
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Atteinte dans le cœur d’un tranquille poison. |
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Tu le sais, comme on voit un calme et frais breuvage |
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Tourner pendant l’orage, |
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Tu le sais ! quand l’amour gronde et fait tant souffrir, |
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La douce humeur de l’âme est facile à s’aigrir. |
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J’ai senti… (le dirai-je ? oui, s’accuser soi-même |
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Est peut-être un besoin d’absoudre ce qu’on aime.) |
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J’ai senti tout mon cœur s’élever contre toi ; |
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J’ai supplié la mort d’éteindre ma mémoire ; |
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Oui, j ’ai haï ton nom ! oui, j’ai haï ta gloire ! |
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Ah ! c’est que je t’aimais alors : pardonne-moi ! |
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