Métrique en Ligne
DES_2/DES219
Marceline DESBORDES-VALMORE
LES PLEURS
1830
NE VIENS PAS TROP TARD !
À tout ce qu’elle entend, de vous seule occupée,
De chaque bruit lointain mon oreille frappée
Écoute et croit souvent reconnaître vos pas ;
Je m’élance, je cours, et vous ne venez pas !
André Chénier.
Combien le feu tient douce compagnie
Au prisonnier, dans les longs soirs d’hiver !
Béranger.
Sais-tu qu’une part de ma vie 8
Me manque et retourne vers toi ? 8
Où la tienne languit sans moi, 8
Dis, sais-tu qu’elle t’a suivie ? 8
5 Pour qui te voit, béni soit Dieu ! 8
Pour qui te perd, bonheur, adieu ! 8
Quand de ta demeure isolée 8
Tu franchis lentement le seuil, 8
De moi si ta vie est en deuil, 8
10 Crois-tu la mienne consolée ? 8
Pour qui te voit, béni soit Dieu ! 8
Pour qui te perd, bonheur, adieu ! 8
Le soir, quand ton foyer s’allume, 8
Dans ses ondoyantes lueurs 8
15 Vois-tu, comme à travers des pleurs, 8
Que mon âme ainsi se consume ? 8
Pour qui te voit, béni soit Dieu ! 8
Pour qui te perd, bonheur, adieu ! 8
Si quelque étincelle plus vive 8
20 Échappe au flambeau vacillant, 8
Comprends-tu l’avis consolant 8
Que vers toi ce message arrive ? 8
Pour qui te voit, béni soit Dieu ! 8
Pour qui te perd, bonheur, adieu ! 8
25 Le voilà : c’est mon âme entière ; 8
Accueille-la d’an doux regard ; 8
Viens aussi… ne viens pas trop tard, 8
Rendre le jour à ma paupière. 8
Pour qui te voit, béni soit Dieu ! 8
30 Pour qui te perd, bonheur, adieu ! 8
logo du CRISCO logo de l'université