Métrique en Ligne
DES_2/DES208
Marceline DESBORDES-VALMORE
LES PLEURS
1830
L’ATTENTE
Quand je ne te vois pas, le temps m’accable, et l’heure 12
A je ne sais quel poids impossible à porter ; 12
Je sens languir mon cœur, qui cherche à me quitter ; 12
Et ma tête se penche, et je souffre, et je pleure. 12
5 Quand ta voix saisissante atteint mon souvenir, 12
Je tressaille, j’écoute… et j’espère immobile ; 12
Et l’on dirait que Dieu touche un roseau débile ; 12
Et moi, tout moi répond : « Dieu ! faites-le venir ! » 12
Quand sur tes traits charmants j’arrête ma pensée, 12
10 Tous mes traits sont empreints de crainte et de bonheur ; 12
J’ai froid dans mes cheveux ; ma vie est oppressée, 12
Et ton nom, tout à coup, s’échappe de mon cœur. 12
Quand c’est toi-même, enfin ! quand j’ai cessé d’attendre, 12
Tremblante, je me sauve en te tendant les bras, 12
15 Je n’ose te parler, et j’ai peur de t’entendre ; 12
Mais tu cherches mon âme, et toi seul l’obtiendras ! 12
Suis-je une sœur tardive à tes vœux accordée ? 12
Es-tu l’ombre promise à mes timides pas ? 12
Mais je me sens frémir. Moi, ta sœur ! quelle idée ! 12
20 Toi, mon frère !… ô terreur ! Dis que tu ne l’es pas ! 12
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