Métrique en Ligne
DES_1/DES76
Marceline DESBORDES-VALMORE
POÉSIES
1830
ROMANCES
LE SOMMEIL DE JULIEN
C’était l’hiver, et la nature entière 10
Portait son deuil, et redoublait le mien ; 10
Je regagnais à pas lents ma chaumière, 10
Les yeux fixés sur celle de Julien. 10
5 Un voile noir s’étendit sur la plaine ; 10
Un triste écho fit aboyer mon chien ; 10
Le vent soufflait et sa plaintive haleine, 10
Disait aux bois : Julien, pauvre Julien ! 10
Sur mon chemin je vis la lune errante : 10
10 Qu’elle était sombre en parcourant le sien ! 10
Je contemplai cette clarté mourante, 10
Moins triste, hélas ! que les yeux de Julien. 10
Je m’endormis, de tant d’objets lassée ; 10
Le ciel s’ouvrit,… et je n’entendis rien ; 10
15 Mais tout à coup la cloche balancée 10
Me réveilla, sans réveiller Julien. 10
Quand j’abordai sa sœur silencieuse, 10
Sa main me dit : « Il repose, il est bien ! » 10
Je voulus voir… Une larme pieuse 10
20 M’apprit le nom du sommeil de Julien. 10
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