IDYLLES |
L’ABSENCE |
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L’avez-vous rencontré ? guidez-moi, je vous prie. |
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Il est jeune, il est triste, il est beau comme vous, |
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Bel enfant ; et sa voix, par un charme attendrie, |
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De la voix qui l’accueille est l’écho le plus doux. |
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Oh ! rappelez-vous bien ! Sa démarche pensive |
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Fait qu’on le suit longtemps et du cœur et des yeux. |
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Il vous aura souri. De l’enfance naïve, |
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Naïf encore, il aime à contempler les jeux. |
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Écoute ! ses regards distraits, chargés d’alarmes, |
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Effleuraient tes doux jeux, peut-être sans les voir. |
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Plains-moi, car c’est pour moi qu’il dévorait ses larmes, |
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Et de m’en consoler il a seul le pouvoir. |
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Guide-moi ; réponds-moi !… Mais tu ne peux m’entendre : |
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Tu demandes son nom ? |
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Ah ! s’il t’avait parlé, m’aurais-tu fait attendre ? |
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L’aurais-tu méconnu dans ma prière ? oh ! non, |
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Va jouer, bel enfant, va rire avec la vie, |
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Car ton âge est sa fête, et déjà je l’envie. |
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Va ! mais si ton bonheur te l’amène aujourd’hui, |
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Souviens-toi que je pleure, et ne le dis qu’à lui. |
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Comme la route au loin se prolonge isolée ! |
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Eh ! pour qui ces jardins, ce soleil, ces ruisseaux ? |
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Je suis seule, et là-bas, sous de noirs arbrisseaux, |
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La moitié de mon âme est errante et voilée. |
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Mes suppliantes mains voudraient la retenir : |
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J’ai cru respirer l’air qui va nous réunir ! |
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L’avez-vous rencontré, nymphe à la voix plaintive ? |
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L’avez-vous appelé ? s’est-il penché vers vous ? |
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Si son ombre a passé dans votre eau fugitive, |
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Nymphe, rendez-la moi, je l’attends à genoux. |
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Mais jusqu’à l’oublier si vous êtes légère ; |
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Mais si vous n’emportez que vous dans l’avenir ; |
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Si l’image qui fuit vous devient étrangère, |
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De quoi vous plaignez-vous, nymphe sans souvenir ? |
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Quelle est cette autre enfant sous les saules couchée ? |
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De paisibles rameaux enveloppent son sort ; |
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Comme une jeune fleur dans la mousse cachée, |
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À l’abri des vents, elle dort. |
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L’orage aux traits brûlants ne l’a pas effeuillée ; |
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Loin du monde et du jour lentement éveillée, |
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Un jeune songe à peine ose effleurer ses sens ; |
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Elle rit… qu’offre-t-il à ses vœux caressants ?… |
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L’avez-vous rencontré, dites, belle ingénue ? |
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Sa voix, qui fait rêver, vous est-elle connue ? |
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Au fond d’un doux sommeil écoutez-vous ses pas ? |
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Non ! si vous l’aviez vu, vous ne dormiriez pas ! |
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Dormez. Je vous rendrais et pensive et peureuse, |
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Vous diriez : « Dès qu’on aime on n’est donc plus heureuse ? » |
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Je ne sais. Pour la paix de vos nuits, de vos jours, |
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Ignorez-le toujours. |
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Mais de nouveaux sentiers s’ouvrent à ma tristesse : |
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Je voudrais tous les suivre, et je n’ose choisir. |
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L’espoir les choisit tous. Oh ! qu’il a de vitesse ! |
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Il m’appelle partout… Où vais-je le saisir ? |
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Au pied de la chapelle où serpente le lierre, |
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Courbé par la prière, |
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Un vieillard indigent porte aussi ses douleurs. |
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Allons ! ses yeux éteints ne verront pas mes pleurs. |
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Comme il prie ! on dirait qu’une lumière heureuse, |
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Pour éclairer son front, vient d’entr’ouvrir les cieux ; |
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On dirait que le jour est rentré dans ses yeux, |
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Ou qu’il bénit tout bas une main généreuse. |
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Dieu ! l’a-t-il rencontré ? Si calme, si content, |
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Presse-t-il un bienfait sur son cœur palpitant ? |
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Est-ce lui qu’il bénit ? et la voix que j ’adore, |
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Dans ce cœur consolé résonne-t-elle encore ? |
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Écoutez-moi, mon père, au nom de ce bienfait ! |
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Celui qui vous l’offrit à vous m’a demandée |
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Peut-être ?… Oh ! que ma main, par la sienne guidée, |
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Joigne son humble offrande au don qu’il vous a fait. |
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Mais, en vous consolant, soupirait-il, mon père ? |
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Déchiré du tourment dont il me désespère, |
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Injuste, mais fidèle, en soupçonnant ma foi, |
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Vous a-t-il dit : « Priez et pour elle et pour moi ? » |
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Oui, je sais qu’il est triste, et qu’un accent plus tendre |
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Au malheureux jamais n’a su se faire entendre. |
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Oui, je vais retrouver mon bonheur qu’il troubla, |
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Car mon bonheur, c’est lui, mon père, et le voilà ! |
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