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Mais à travers mes pleurs et cette clarté sombre, |
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J’ai vu paraître une ombre, |
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Autrefois mon idole, aujourd’hui mon effroi : |
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Cette ombre était la sienne, elle avançait vers moi. |
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« Te voilà donc ! lui dis-je, on m’a désespérée ; |
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« Mon âme était si tendre ! elle s’est égarée. |
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« On t’a nommé trompeur, et je t’ai cru trompeur, |
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« Tu ne les démens pas ! tu ris… parle, j’ai peur. |
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« Tous ont fui, tous vont voir je ne sais quelle fête ; |
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« Moi je mourais. Mais parle, et mon âme s’arrête. » |
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L’ombre alors me repousse et m’entraîne à la fois. |
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Oubliant ma faiblesse et ma fièvre brûlante, |
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Partout pour la saisir j’étends ma main tremblante : |
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Tout est lui, tout m’appelle, et tout a pris sa voix. |
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J’ai couru, j’ai suivi des sentiers que j’ignore ; |
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Demi-nue, insensible au souffle de l’hiver, |
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J’obéissais, mourante, à ce guide si cher : |
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Il ne m’appelait plus, j’obéissais encore. |
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La pluie à longs torrents inondait le chemin ; |
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Le vent soufflait : « Demain ! n’attends pas à demain ! » |
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Et je tombe à sa porte, et presque évanouie, |
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Par l’éclat des flambeaux, je m’arrête éblouie. |
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Des danses, des parfums, des voix, des chants d’amour |
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Remplissaient ce séjour. |
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Au milieu de l’encens qui formait un nuage, |
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J’ai vu d’un groupe heureux se balancer l’image ; |
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La plus belle au plus tendre abandonnait sa main. |
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C’était… l’ai-je rêvé ? c’était cet inhumain, |
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Comblé de tous les dons que l’amour nous envoie, |
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Plus qu’elle encor paré d’espérance et de joie ! |
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Un prestige cruel m’attachait sur le seuil. |
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Sous mon voile de deuil, |
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J’ai murmuré comme eux le chant de l’hyménée ; |
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Mais il était plus triste à mon âme étonnée |
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Que le cri de l’oiseau qu’on entend soupirer, |
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Quand, blessé, sur la rive il est près d’expirer. |
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Dans l’ombre où m’enchaînait ma douleur curieuse, |
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Froide et silencieuse, |
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J’ai contemplé longtemps ma mort dans leur bonheur ; |
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Mais les flambeaux éteints m’en ont caché l’horreur ! |
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