Métrique en Ligne
DES_1/DES56
Marceline DESBORDES-VALMORE
POÉSIES
1830
ÉLÉGIES
ÉLÉGIE
Dusses-tu me punir de rompre la première 12
Le serment imprudent qui fit pleurer l’Amour ; 12
Dusses-tu repousser l’invincible retour 12
Qui ramène vers toi mon âme tout entière ; 12
5 Cette raison cruelle, où se cache l’orgueil, 12
M’a déjà coûté tant de larmes ! 8
Va ! la souffrance est un écueil 8
Où viennent se briser ses armes. 8
Et toi, le tiendras-tu ce funeste serment ? 12
10 L’avons-nous prononcé ?… je m’en souviens à peine ; 12
Ce n’est pas nous ! sais-tu qui fit notre tourment ? 12
C’est l’orgueil : il sépare, il ressemble à la haine. 12
Lequel aurait pu dire adieu sans quelques pleurs ? 12
Hélas ! lorsque entraînés vers les mêmes rivages, 12
15 Deux ruisseaux sont unis, forcent-ils les orages 12
À diviser leurs flots parés des mêmes fleurs ? 12
Si quelque main, contraire à leur pente chérie, 12
Forçait l’un à couler vers un autre séjour, 12
La plus faible moitié serait bientôt tarie, 12
20 Et l’autre, en murmurant, sécherait à son tour. 12
Leurs limpides destins furent notre partage ; 12
J’y revois nos amours comme au fond d’un miroir ; 12
Où sont tes yeux, ma vie ?… ah ! quand je peux les voir, 12
Ils m’en disent bien davantage ! 8
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