ÉLÉGIES |
L’ATTENTE |
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Il m’aima. C’est alors que sa voix adorée |
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M’éveilla tout entière, et m’annonça l’amour. |
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Comme la vigne aimante en secret attirée |
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Par l’ormeau caressant, qu’elle embrasse à son tour, |
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Je l’aimai ! D’un sourire il obtenait mon âme. |
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Que ses yeux étaient doux ! que j’y lisais d’aveux ! |
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Quand il brûlait mon cœur d’une si tendre flamme, |
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Comment, sans me parler, me disait-il : « Je veux ! » |
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Oh ! toi qui m’enchantais, savais-tu ton empire ? |
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L’éprouvais-tu ce mal, ce bien dont je soupire ? |
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Je le crois : tu parlais comme on parle en aimant, |
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Quand ta bouche m’apprit je ne sais quel serment. |
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Qu’importent les serments ? Je n’étais plus moi-même, |
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J’étais toi. J’écoutais, j’imitais ce que j’aime ; |
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Mes lèvres, loin de toi, retenaient tes accents, |
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Et ta voix dans ma voix troublait encor mes sens. |
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Je ne l’imite plus ; je me tais, et les larmes |
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De tous mes biens perdus ont expié les charmes. |
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Attends-moi, m’as-tu dit. J’attends, j’attends toujours ! |
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L’été, j’attends de toi la grâce des beaux jours ; |
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L’hiver aussi, j’attends ! Fixée à ma fenêtre, |
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Sur le chemin désert je crois te reconnaître ; |
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Mais les sentiers rompus ont effrayé tes pas : |
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Quand ton cœur me cherchait, tu ne les voyais pas ! |
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Ainsi le temps prolonge et nourrit ma souffrance : |
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Hier, c’est le regret ; demain, c’est l’espérance ; |
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Chaque désir trahi me rend à la douleur, |
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Et jamais, jamais au bonheur ! |
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Le soir, à l’horizon, où s’égare ma vue, |
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Tu m’apparais encore, et j’attends malgré moi. |
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La nuit tombe… ce n’est plus toi ; |
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Non ! c’est le songe qui me tue. |
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Il me tue, et je l’aime ! et je veux en gémir ! |
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Mais sur ton cœur jamais ne pourrai-je dormir |
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De ce sommeil profond qui rafraîchit la vie ? |
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Le repos sur ton cœur ! c’est le ciel que j’envie, |
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Et le ciel irrité met l’absence entre nous. |
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Ceux qui le font parler me l’ont dit à moi-même : |
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Il ne veut pas qu’on aime ! |
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Mon Dieu, je n’ose plus aimer qu’à vos genoux ! |
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Qu’ai-je dit ? Notre amour, c’est le ciel sur la terre. |
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Il fut, j’en crois mon cœur effrayé d’un remord, |
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Comme la vie, involontaire, |
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Inévitable, hélas ! comme la mort. |
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J’ai goûté cet amour ; j’en pleure les délices. |
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Cher amant ! quand mon sein palpita sous ton sein, |
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Nos deux âmes étaient complices, |
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Et tu gardas la mienne, heureuse du larcin. |
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Oh ! ne me la rends plus ! Que cette âme enchaînée, |
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Triste et passionnée, |
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Heureuse de se perdre et d’errer après toi, |
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Te cherche, te rappelle et t’entraîne vers moi ! |
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