ÉLÉGIES |
ÉLÉGIE |
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Qui, toi, mon bien-aimé, t’attacher à mon sort, |
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Te parer d’une fleur que la tombe t’envie ! |
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Lier tes jours de gloire à ma tremblante vie, |
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Et ton baiser d’amour au baiser de la mort ! |
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Me suivre, toi si cher, aux rives enchantées |
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Que pour jamais bientôt mes pas auront quittées ! |
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Mes pas que tu soutiens, qui te cherchaient toujours, |
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Dont la trace légère effleura le rivage |
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Où tu m’avais montré des fleurs et des beaux jours, |
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Où je vais devant toi passer comme un nuage ! |
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Oui, devant toi ma vie incline son flambeau, |
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De ses pâles rayons le dernier va s’éteindre. |
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Ces fleurs, ces belles fleurs, que je ne puis atteindre, |
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Tu les effeuilleras un soir sur mon tombeau. |
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La Mort m’a regardée, et ta plainte adorable, |
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Ma jeunesse, tes vœux, rien ne doit l’attendrir. |
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Elle m’a regardée, et cette inexorable, |
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Quand j’écoutais ton chant, m’a dit : Tu vas mourir… |
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Oh ! non ; prodigue encor les hymnes, les offrandes ; |
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Jette-lui ta couronne et tes lauriers en fleurs ; |
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Cache-moi dans ton sein, couvre-moi de guirlandes, |
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Et, longtemps immobile, elle craindra tes pleurs. |
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Conduis-moi près des flots. La nymphe qui soupire |
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Y rafraîchit l’air de sa voix : |
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Cet air doux et mortel, que ma bouche respire, |
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Brûle moins à l’ombre des bois. |
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Vois dans l’eau, vois ce lis dont la tête abaissée |
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Semble se dérober au sourire des cieux : |
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Telle, craignant l’Amour et le cherchant des yeux, |
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J’essayais de te fuir, innocente et blessée. |
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Je demandais aux bois l’oubli de tes accents ; |
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Un vague, un triste écho m’en rappelait les charmes, |
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Et dans les rameaux frémissants |
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Ton image venait s’attendrir à mes larmes. |
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Un jour, ce fut toi-même, un jour, à mes genoux, |
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Je te vis sous le saule, ami de mon jeune âge ; |
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Je ne m’y trouvai plus seule avec ton image, |
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Il nous cachait ensemble, il se penchait sur nous. |
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Trop tard, hélas ! trop tard ; et ta flamme timide |
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Enhardit vainement mes timides secrets. |
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Tu les connus trop tard ; et ma fuite rapide |
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T’abandonne à de longs regrets. |
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Oh ! que je crains pour toi l’aurore désolée |
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Qui ne pourra me rendre à tes vœux superflus, |
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Quand sa douce lueur, pour moi seule voilée, |
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Ne m’éveillera plus ! |
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Mais le ruisseau répond, par un faible murmure, |
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Au souffle expirant des zéphyrs ; |
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La nymphe qui s’endort entraîne mes soupirs |
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À la source déjà moins pure. |
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Demain… L’écho plus triste a dit aussi : Demain. |
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Adieu, ma jeune vie ! adieu, toi que j’adore ! |
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Ne gémis pas. Ce soir, je serre encor ta main : |
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Ce soir, efforce-toi de me sourire encore. |
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